I comme Sant’Ilaria et Ile de France
La première localité dont il est question dans ce billet s’appelle officiellement Sant’Eulalia. Mais dans les registres paroissiaux, en particulier les plus anciens, on la trouve souvent écrit Sant’Ilaria, voire Santilaria, Ilaria était une forme ancienne du prénom Eulalia. C’est également ainsi que ce nom est encore prononcé parfois à Borso, et c’est pourquoi j’ai choisi de présenter ce lieu le jour du “I”.
Le hameau est rattaché administrativement à la commune de Borso. Il est situé à l’est du territoire communal, aux confins de Crespano del Grappa. J’ai relevé à ce jour dans ma généalogie une seule branche qui en est originaire. Elle concerne Zuanne Carraro (ou Carrer) dit Filamana, père de Lucia Carraro (Sosa n°227 de mon père) née vers 1720, qui a épousé Andrea Cassanego et s’est établie ensuite à Borso, où les enfants du couple sont nés. Ce mariage n’est pas enregistré à Borso, il a vraisemblablement eu lieu à Sant’Eulalia. Lucia Carraro s’est ensuite remariée à Borso avec Antonio Ziliotto, puis une troisième fois avec Antonio Lucadello et les trois enfants du couple sont nés à Borso. A partir de son mariage avec mon ancêtre Andrea Cassanego, Lucia Carraro a donc définitivement quitté Sant’Eulalia pour vivre à Borso.
Curieusement, malgré la proximité des paroisses de Borso et de Sant’Ilaria mes dépouillements ont fait apparaître dans ma généalogie très peu d’interaction entre les deux localités, et en tout cas moins qu’avec Semonzo, une autre frazione administrativement rattachée à Borso et située pour sa part à l’ouest du territoire communal, dont il sera question avec la lettre S. A ce stade je ne sais pas si ma constatation est due à un biais de travail ou dessine un état de fait avéré, mais le sujet mériterait d’être approfondi.
Les Italiens avaient commencé à émigrer vers la France et Paris avant même l’unité italienne. Il s’agissait alors plutôt d’élites culturelles et d’exilés politiques issus des mouvements d’indépendance de l’Italie et qui voyaient dans la France un creuset pour les révolutions. L’émigration “de travail” des Italiens en Ile de France est devenue un phénomène marquant entre les deux guerres mondiales. A partir des années 1920, les Italiens constitueront le premier groupe étranger de la région et ils le resteront jusqu’à la fin des années 1960, avant d’être dépassés par les Espagnols.
Comme dans la région Rhône-Alpes, le courant migratoire a concerné au départ les Piémontais, Emiliens ou Bergamasques, qui ont ensuite été rejoints par les Frioulans et les Vénitiens. En 1968, 91.170 Italiens sont recensés en Ile de France, auxquels il convient d’ajouter plus de 65.000 naturalisés depuis moins de 15 ans et les naturalisés plus anciens qui ne sont pas dénombrés.*
Les principaux pôles d’émigration des italiens après la première guerre mondiale ont été Paris intra muros et les département de Seine-Saint-Denis, du Val d’Oise et du Val de Marne. Au départ et comme dans d’autres régions, ces émigrés vivent proches les uns des autres, en communautés rassemblées par la langue, même si des rivalités existent parfois entre les groupes originaires de différentes régions italiennes. Ils sont maçons, briquetiers, poseurs de rails de chemin de fer…
Les deux sites d’émigration franciliens que j’ai relevés dans ma généalogie italienne sont Palaiseau (dans l’Essonne) et Villiers-le-Bel (dans le Val d’Oise), pour une émigration qui a débuté dans les deux cas entre les deux guerres mondiales. Certains de ces émigrés sont par la suite rentrés en Italie mais plusieurs familles de Borso ont fait souche en Ile de France.
Ci-dessous une petite statistique, issue des pages blanches, concernant la présence actuelle de patronymes susceptibles de venir de Borso dans les départements d’Ile de France :
75 | 77 | 78 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | |
Bonato | 2 | 10 | 4 | 1 | 1 | 3 | 1 | 2 |
Fabian/Fabbian | 11 | 3 | 0 | 8 | 8 | 1 | 4 | 5 |
Guadagnin | 1 | 0 | 1 | 0 | 1 | 0 | 0 | 2 |
Golin/Gollin | 1 | 0 | 0 | 0 | 1 | 1 | 0 | 1 |
Zago | 4 | 1 | 2 | 2 | 1 | 2 | 2 | 0 |
Ziliotto | 1 | 0 | 1 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 |
En savoir plus :
– Dossier “Migrations” – Patrimoine en Val de France, n°10 (2012)
– * Le Paris des étrangers depuis 1945, Antoine Marès et Pierre Milza, Publications de la Sorbonne, 1994
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