G comme Gallio

Gallio est le village de naissance de mon arrière-arrière grand-mère, Maria Maddalena Finco (Sosa n°9 de mon père), qui y a vu le jour en 1828. Son patronyme est d’ailleurs typique de la commune.

Gallio est situé sur l’altiplano d’Asiago, appelé aussi Altipiano dei sette comuni, car ce territoire formait à l’époque de la Sérénissime République de Venise une fédération autonome subdivisée en 7 circonscriptions. Il a été peuplé par des germains venus de Bavière au XI^e siècle, qui y ont formé la minorité des Cimbres (de l’allemand Zimmerer qui signifie charpentier). Les Cimbres constituent aujourd’hui encore l’une des minorités linguistiques d’Italie. Leur idiome, le cimbre, est dérivé du bavarois.

Le cas de mon aïeule, native de Gallio et qui a épousé un habitant de Borso, n’est pas isolé. J’en ai en effet relevé d’autres dans les registres paroissiaux de Borso. Cet état de fait m’intrigue cependant car Gallio n’est pas particulièrement proche de Borso, d’autant que le relief ne facilite pas les choses.
Gallio et Borso sont situés de part et d’autre de la vallée du fleuve Brenta, qui a taillé dans la montagne une profonde gorge. Rejoindre Borso depuis Gallio impose donc de descendre au fond de la vallée, à Valstagna, ce qui représente une distance de 25 km et un dénivelé de près de 700 m. Arrivé là, il faut soit longer le cours du Brenta jusqu’au débouché de la vallée, puis parcourir quasiment 10 km au pied du massif, soit monter sur le Grappa et redescendre. Dans tous les cas la distance totale est supérieure à 40 km.

Je me demande donc ce qui a pu pousser mon ancêtre à parcourir ce long chemin pour fonder une famille, plutôt que choisir son conjoint dans son village, comme la majorité de ses compatriotes l’a fait. En outre, Maria Maddalena Finco et Sebastiano Vedovotto se sont mariés en 1852 à Borso, ce qui est également intrigant puisque le mariage était en général célébré à cette époque dans la paroisse de la future épouse et non pas dans celle du mari. Cela signifierait-il que Maria Maddalena vivait déjà à Borso avant son mariage ? Le prêtre ne l’a en tout cas pas mentionné sur l’acte de mariage.

Maria Maddalena n’a certainement pas eu une vie facile. Alors qu’elle a épousé Sebastiano en 1852, ce dernier meurt en 1867 à seulement 44 ans, laissant son épouse seule avec huit enfants, dont la dernière a moins d’un an. Malgré tout, ces huit enfants vont tous devenir adultes et se marier, ce qui est quasiment un exploit à cette époque. Maria Maddalena ne se remariera pas et s’éteindra à Borso à 70 ans, plus de trente ans après son époux.

L’une des particularités de la commune de Gallio est d’avoir été totalement détruite durant la première guerre mondiale, puisqu’elle s’est trouvée sur la ligne de front qui opposé durant deux ans les forces alliées et les Autrichiens dans le massif du Grappa. L’église dans laquelle mon aïeule a été baptisée a été bombardée, comme tous les autres bâtiments. Le village a été rebâti après la fin du conflit, et la nouvelle église bénie en 1922.

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