Une épine de moins !
Même si je ne l’ai pas citée dans mon dernier article, relatif aux points d’interrogation de ma généalogie, il est une question à laquelle je n’étais pas parvenue à répondre jusqu’à dimanche soir :
“Comment ma branche paternelle a-t-elle reçu son surnom patronymique ?”
J’ai abordé le cas des surnoms patronymiques dans l’un des articles du challenge d’avril dernier : M comme ménda. A Borso quasiment toutes les familles possèdent leur menda. La caractéristique se transmet comme le patronyme de génération en génération, jusqu’à ce qu’un événement familial (mariage, déménagement…) provoque l’apparition d’un nouveau surnom dans une branche ou une sous-branche de la famille.
La menda de ma branche paternelle est Benetel. Je l’ai su dès mon enfance et j’ai pu le vérifier sur certains actes paroissiaux dans lesquels le prêtre avait noté cette notion en complément du patronyme. Jusqu’à une époque que j’avais pu situer dans l’intervalle 1790-1820, la menda de mes ancêtres était Paesan.
- Paesan signifie paysan, mais je ne sais pas s’il faut comprendre ce terme dans le sens “celui qui travaille la terre” ou “celui qui est originaire du même village”, qui se dit encore “pays” dans certaines régions françaises.
- Benetel est une forme diminutive de Benetto, version locale et ancienne du prénom masculin Benedetto
J’ai déjà recherché dans ma branche paternelle qui aurait pu laisser son empreinte à la branche des Paesan devenue Benetel, mais parmi mes ancêtres Vedovotto je n’ai trouvé aucun Benetto. C’est le dépouillement du stato d’anime de Borso qui m’a donné la réponse dimanche soir.
Dans cet “état des âmes”, les prêtres relevaient la composition des familles de leurs paroissiens et mettaient régulièrement ces données à jour, notant des informations complémentaires à celles qui figurent dans les registres BMS, comme un mariage ou un décès intervenu dans une autre paroisse, un départ de la commune ou, dans le cas de Borso, les fameuses mende si difficiles à trouver dans les documents officiels habituels.
Au milieu des pages consacrées aux familles Mozzelin/Mocellin, une ligne me saute littéralement aux yeux :
Cette page détaille la composition du foyer de Gio:Batta Mozzelin (né le 23/11/1786) et de son épouse (née le 21/09/1798), qui est identifiée dans ce document comme “Vedovotto Domenica q Domenico paesan e Catto Benedetta benetel“, soit : Domenica Vedovotto fille de feu Domenico paesan et de Benedetta Catto benetel.
Domenico Vedovotto était mon AAAAGP et Benedetta Catto mon AAAAGM, et c’est donc cette dernière qui était à l’origine une benetel !
Je n’avais jusqu’ici pas cherché au bon endroit : c’est une branche maternelle qui a transmis sa menda à ma famille. Et c’est d’ailleurs bien dans cette branche que se trouve Benetto : le grand-père de Benedetta s’appelait Benedetto Catto.
Il s’agit donc d’un cas de transmission féminine, qui se produit entre autres lorsqu’un couple s’installe dans une maison appartenant à la famille de l’épouse. Les descendants du couple, bien que portant le patronyme de leur père, se voient attribuer la menda de la famille de leur mère. La menda, symbole du groupe familial, est en effet fortement liée au lieu, à la maison où la famille vit.
Dans le cas de ma famille, ce changement de menda pourrait donc signifier que la maison des Benetel, celle où ont vécu mes arrières grands-parents et mes grands-parents et dans laquelle mon père est né, venait des Catto et a été habitée par des Vedovotto à partir du mariage de Benedetta et de Domenico. Pour le vérifier, il faudrait que je puisse me plonger dans les documents cadastraux.
Cette petite énigme étant résolue, il m’en reste encore une : dans mon arbre, qui est le “fils du veuf” dont le surnom est devenu mon patronyme ?
3 Comments
Elise
Bravo pour cet article très intéressant ! C’est vraiment une belle découverte que de pouvoir retracer l’origine et la transmission d’un surnom.
Elise
venarbol
Merci Elise, j’étais ravie de cette découverte en effet. Elle m’a confirmée que ce travail de dépouillement systématique dans lequel je me suis lancée en vaut la peine. J’ai aussi été aidée par le fait que ces surnoms patronymiques sont quasiment officiels dans ces communes de Vénétie, au point que les prêtres les mentionnent sur certains documents.
Monique F.
Super, Nathalie. J’aime bien que le surnom ait été transmis par une femme. Nous avons quelque chose de similaire dans notre arbre de Savoie, avec les Favre Anritta = Henriette ! Elle était la veuve de Jean, notre ancêtre cousin germain de saint Pierre Favre.
C’est pas beau ça!