“Clic-clac, merci Kodak !”
Mon père a quitté l’Italie au lendemain de la guerre, avec juste une valise qu’il a dû acheter. Il avait d’ailleurs coutume de dire avec un peu d’amertume : “l’Italie ne m’a même pas donné une valise pour partir…”. Il s’est fait un point d’honneur d’apprendre le français et, comme beaucoup d’émigrés Italiens, il ne voulait pas apprendre sa langue maternelle à ses enfants. Et même si j’allais chaque été en Vénétie, j’ai en ma possession très peu d’objets liés à mes ancêtres italiens.
Autant dire que le #généathème de mars, consacré aux objets de famille, ne m’a au départ pas beaucoup inspirée.
Et puis j’ai redécouvert récemment un objet qui a immortalisé bon nombre d’événements de mon enfance, en particulier en Italie. Il s’agit du “Brownie-Flash”, le premier appareil photo de mes parents. C’est avec lui que j’ai moi-même fait mes débuts en photographie, avant de passer au moderne “pocket”.
Il est arrivé jusqu’à moi avec sa boite, son mode d’emploi, son étui en cuir à bandoulière, son flash et même quelques ampoules pour ledit flash.
Voilà la description qui en est faite par le Musée de la photographie :
Extrêmement simple d’utilisation et peu coûteux car fabriqué en très grand nombre par Kodak Pathé en France en 1955 pour éviter les quotas d’importation, le Brownie-Flash (Brownie Hawkeye aux État-Unis) rencontre un énorme succès commercial. Il répond parfaitement aux besoins de la population française qui aborde la période des trente glorieuses dans un état d’esprit bien différent de celui de l’immédiat après-guerre.
Musée de la photographie
La société de consommation est en marche et l’appareil photo devient à son tour un objet de consommation relativement commun qu’il faut acheter pour coller dans des albums les portraits des enfants du baby-boom sur fond de paysage de vacances où figure souvent “par hasard” la voiture, nouvelle venue dans la famille.
L’appareil en bakélite moulée est léger et compact. Ses fonctionnalités et son ergonomie sont conçues pour apporter une qualité d’image optimum (négatif 6×6 cm.) à un utilisateur ne possédant que le strict minimum de connaissances techniques.
Je retrouve parfaitement l’usage qu’en ont fait mes parents dans cette description : des photographies de famille en noir et blanc, parfois floues ou mal cadrées, qui montrent essentiellement des enfants, des paysages de vacances ou des réunions familiales. Elles étaient toutes de format carré, tirées parfois sur un papier photo rectangulaire, avec une marge plus grande en bas. Je les regarde aujourd’hui avec tendresse et nostalgie…
Avec cet appareil photo et ces clichés, j’ai aussi retrouvé nombre de négatifs. Quelqu’un sait-il comment on peut en faire des tirages papier aujourd’hui ?
15 Comments
Sébastien | Marques Ordinaires
Je crois que mon grand-père maternel avait le même appareil, avec les mêmes photos, parfois floues ou ma cadrées, mais qui restent si belles à nos yeux. Tout comme tu le décris, mon arrière-grand père maternel n’a également pas voulu apprendre l’italien à ses enfants.
Pour les négatifs, le mieux c’est d’aller (après le confinement ^^) chez un photographe.
venarbol
Il était difficile de bien cadrer avec cet appareil qu’il fallait tenir devant soi en visant “par le haut”, mais comme tu l’écris ces photos restent malgré tout très belles à nos yeux. Merci pour ton passage.
Rémy Guadagnin dit Cioin
Bonjour Cousine,
Décidément, notre histoire familiale a beaucoup de points communs. Mais hélas mon cher Papa n’avait pas de “Brownie-flash”. Les photos “signifiantes” de la famille à Borso ne sont pas antérieures à 1950, sauf quelques portraits de mon grand-père Giacomo, et une photo de mes trois tantes sur sa sépulture en novembre 1938, qu’elles ont envoyé à mon père qui n’avait pu les rejoindre à ses obsèques, et qu’il avait toujours gardé dans son portefeuille avec une carte postale représentant une vue générale de Borso.
Concernant le tirage papier de vos négatifs, je peux vous procurer les coordonnées d’un ou deux labos à Paris qui font encore ce travail. Dites moi si cela vous intéresse.
Faites bien attention à vous, et bon courage pour la suite de vos recherches.
CIOIN
venarbol
Bonjour cousin, je regrette moi aussi d’avoir si peu de photographies de ma famille italienne, avant celles que mes parents ont prises avec cet appareil. Mais nos familles italiennes n’avaient sans doute ni les moyens ni les occasions de se déplacer chez un photographe…
Eperra
Je n’ai pas souvenance de cet appareil-photo mais le format et les sujets me parlent ! Je sais que certains photographes, en tout cas, dans les grandes villes, tirent encore d’anciens négatifs. Autre remarque : nous, c’est notre père qui ne nous a pas appris le basque ce que je regrette beaucoup d’ailleurs ! En tout cas, joli billet plein de tendresse…
venarbol
Merci pour ce passage sur mon blog et ce commentaire. J’ai l’impression que ne pas apprendre sa langue à ses enfants était une quasi constante à cette époque, un signal d’intégration donné à la génération suivante.