Mon plus vieil ancêtre connu
Avec “A comme ancêtre”, le généathème du mois d’avril nous propose de répondre à la question suivante : “Quel est votre plus vieil ancêtre connu ?”
M’étant décidée à jouer le jeu ce mois-ci, j’ai commencé par décomposer la question. Et oui, des années de boulot en recherche et analyse de l’IST*, ça (dé)forme :
- plus vieil : celui qui est né le plus loin dans le temps
- ancêtre : une personne de l’arbre de mon père (qui est la souche) pourvue d’un n° sosa
- connu : c’est à ce stade que j’ai commencé à me creuser la tête. Que signifie en effet “connu” ?
J’ai construit l’arbre de mes ancêtres italiens à partir de différentes sources :
- les travaux d’un historien de la zone, qui a massivement dépouillé les registres paroissiaux et les actes notariés et a écrit de nombreux ouvrages sur les familles de la pedemontana du Grappa.
- certains documents qui m’ont été transmis
- mes propres recherches au sein des registres paroissiaux et d’état civil auxquels j’ai pu avoir accès
Je ne sais donc pas vraiment à partir de quel état d’avancement des recherches je peux considérer un ancêtre comme “connu”. J’ai finalement décidé de caractériser différents niveaux de “connaissance”.
1er cas : connu = identité et filiation attestées par les recherche faites par d’autres
J’entends déjà la foule de mes lecteurs (on peut rêver) crier : “Horreur, il ne faut rien recopier sans vérifier !”, ajoutant aussi très souvent : “C’est si facile de vérifier !”. Et c’est là, ami généalogiste français cherchant ses ancêtres en France, que je te répond que pour ce qui concerne l’Italie, a fortiori pour des actes datant d’avant l’unité (1866-1870), en encore plus d’avant les registres paroissiaux (environ 1595), vérifier n’est dans l’immense majorité des cas ni facile, ni rapide, ni même souvent gratuit (ne serait-ce que pour aller faire une visite sur place). C’est pourquoi, puisque je dispose d’un ouvrage dont je connais l’auteur et dont je sais qu’il a écumé les archives de la zone qui m’intéresse depuis des décennies, j’ai décidé de lui faire confiance (en citant la source bien entendu, à savoir : Storia di Paderno, vol II, I cognomi, par Gabriele Farronato, Aurelia, 2004).
Dans ce cas l’ancêtre le plus ancien de mon père est : Lazzaro DA FIETTA (sosa n°5242880) né vers 1160, sans doute à Fietta, décédé après 1224, date à laquelle il a fait rédiger son testament par un notaire. Comme son nom l’indique, Lazzaro est originaire de Fietta, un hameau dépendant aujourd’hui de la commune de Paderno del Grappa, situé environ 7 km à l’est de Borso del Grappa. A cette époque, l’usage des patronymes n’est pas encore généralisé et c’est avec son prénom et son lieu d’origine que mon ancêtre est désigné dans les actes notariés.
Lazzaro DA FIETTA est donc l’aïeul à la 22e génération de mon père, dans la branche de sa grand-mère paternelle, Maria ANDREATTA.
2e cas : connu = identité et filiation issues de mes recherches dans les registres
Les registres paroissiaux de Borso commencent en 1586 pour les baptêmes, en 1598 pour les décès et en 1648 pour les mariages. Compte tenu de ces limites, l’ancêtre le plus ancien de mon père pour lequel je dispose de l’acte de baptême et de décès est Valentin GOLLIN.
Valentin (Valentino) GOLLIN (patronyme orthographié GULIN à l’époque), a été baptisé à Borso le 23/03/1598. Il est le fils de Zuane (Giovanni) et de Donna Zuana (Giovanna) son épouse. Valentin a eu au moins 6 enfants avec son épouse Antonia. Le mariage a peut-être été célébré à Borso, mais il est antérieur à 1648 et donc absent des registres paroissiaux disponibles. Pour la même raison je ne connais d’Antonia que son prénom. Sur le baptême des enfants qu’elle a eu avec Valentin GOLLIN ainsi que sur son décès, elle est uniquement identifiée comme “Antonia, moglie di Valentin Gollin” (Antonia, épouse de Valentin Gollin).
Valentin décède à Borso le 30/07/1667 à l’âge de 69 ans. L’examen des actes de décès de ce couple montre que Valentin et Antonia se sont éteints à moins de deux semaines d’intervalle : 30 juillet 1667 pour Valentin et 12 août 1667 pour Antonia. Est-ce une simple coïncidence ?
Dans l’état actuel de mes recherches, Valentin GOLLIN est non seulement “mon ancêtre connu le plus ancien”, mais il est aussi 3 fois l’ancêtre de mon père, et ceci uniquement dans sa branche maternelle. Il porte donc trois numéros sosa dans l’arbre dont mon père est la souche : n°1800, n°3324 et n°3856.
* IST = Information Scientifique et Technique, pour ceux qui se sont posé la question 🙂
Un commentaire
Monique F.
Encore une fois bravo, pour la précision de tes recherches. Quand on connaît un peu Fietta, c’est à la fois surprenant et émouvant,de savoir que se trouve dans ce petit village ta plus profonde racine,au XIIe siècle !
Aurai-je un jour le temps de remonter aussi loin tes ancêtres de Savoie ? Peut-être pas,mais tu sais où chercher dans notre coin et c’est toi qui trouveras !
Bises, M.