D comme Dordogne
Au début du XXe siècle, en partie du fait des conséquences de la première guerre mondiale sur la démographie et la natalité, le Sud-Ouest de la France subit une désertification rurale. L’agriculture est en déclin et manque sérieusement de bras. A la demande des syndicats d’agriculteurs d’Aquitaine, l’État français décide donc d’aller chercher de la main-d’œuvre à l’étranger, et en particulier dans la péninsule italienne.
En 1923, un Office régional de la main-d’œuvre agricole est ouvert au consulat d’Italie à Toulouse. En 1924, la Confédération des associations agricoles pour les régions Languedoc, Gascogne, Pyrénées installe un comité régional de la main-d’œuvre agricole, dont le spécialiste du recrutement déclare que “l’Italien est, de tous les ouvriers agricoles étrangers, celui qui, par ses habitudes et par sa race, se rapproche le plus de nous“*.
Dans le même temps, les quotas d’immigrés qui commencent à être imposés outre-atlantique ou les périodes de récession, comme en Argentine, ferment aux Italiens les portes de pays vers lesquels ils sont massivement partis depuis la fin du XIXe siècle. Pourtant la première guerre mondiale a fait des ravages en Italie du nord, en particulier dans le Frioul, ce qui pousse les populations au départ. La montée du fascisme crée également un flux d’opposants politiques qui désirent fuir l’Italie.
L’Aquitaine va donc connaître un afflux massif d’immigrés italiens : près de 80.000 d’entre-eux arrivent en effet dans la région, pour la plupart venus du nord de l’Italie. Cet élan sera néanmoins stoppé à partir de 1926 par Mussolini, qui instaure une politique nationaliste et nataliste passant par la restriction drastique de l’expatriation des Italiens.
Parmi les cinq enfants d’Antonio Vedovotto et Teresa Andreatta, respectivement frère de mon arrière grand-père et sœur de mon arrière grand-mère, puisque les deux sœurs avaient épousé deux frères, quatre ont quitté Borso pour émigrer en Dordogne avant la seconde guerre mondiale.
A l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore ce qui a motivé précisément ces frères et sœurs à partir vers le sud-ouest de la France, mais il est très vraisemblable qu’ils ont suivi le grand courant de migration évoqué ci-dessus. Ils se sont en effet installés dans des villages ruraux, comme Trélissac, Notre-dame de Sanilhac ou Gout-Rossignol. Leurs descendants y résident encore et certains y sont même agriculteurs.
En savoir plus :
* Immigrés d’Italie et paysans de France, 1920-1944
Les Italiens dans l’agriculture du Sud-Ouest
De l’Italie à l’Aquitaine
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5 commentaires
Elodie
Ça y est, nous voici en France. Quelle grande aventure cela devait être !
venarbol
Et nous y reviendrons 2 ou 3 fois avant le Z !
Cedeca desbranches
Miam, miam les liens, bon il n’y a pas, plus d’excuse pour ne pas creuser plus les conditions d’arrivée de mes Véronais autour de la Garonne.
venarbol
Il faudrait plus d’une vie pour tout étudier…
Monique F.
De quoi était rempli le tonneau des Danaïdes ? Du vin de la généalogie, dont on se grise chaque fois qu’on y plonge ! Cette ébriété-là a du bon : pas de points en moins sur le permis, et un plaisir d’étudier à chaque fois renouvelé.
Bonne continuation.