Les Vedovotto du littoral
Le patronyme Vedovotto est présent dans la province de Venise depuis au moins le début du XIXe siècle, répertorié dans les registres d’état civil et paroissiaux de Càorle, Eraclea (anciennement Grisolera), San Stino di Livenza, ou encore tout près de là mais encore dans la province de Treviso, à Cessalto. Compte tenu de la rareté de ce nom, je ne pouvais pas faire l’impasse sur un possible lien entre ses porteurs du littoral et ma famille de Borso del Grappa.
J’ai donc entrepris d’explorer cette piste, en tentant de remonter dans l’ascendance de ces habitants de la province de Venise dans l’espoir de retrouver la trace de celui ou ceux qui auraient pu “émigrer” depuis la Pedemontana. A ce jour, je n’ai pas encore trouvé d’indice probant, dans un sens ou un autre. Le dépouillement des registres d’état civil de Càorle et Grisolera de 1871 à 1929 m’a permis d’en savoir plus sur ces familles, mais il n’a pas éclairci la situation. C’est même plutôt l’inverse puisque j’ai répertorié plusieurs branches de Vedovotto dont je ne sais si elles sont toutes reliées entre elles.
- Giovanni Battista Vedovotto, est le père de Giovanni Vedovotto, né (vers 1790 ?) dans la frazione de La Salute di Livenza, commune de San Stino di Livenza. Giovanni a épousé Domenica Schiavon le 25 octobre 1813 à Càorle. Le couple a eu au moins 4 enfants nés entre 1825 et 1840 à San Giorgio di Livenza (frazione dépendant de Càorle) et une descendance assez nombreuse, dont certaines branches ont émigré au Brésil avant la première guerre mondiale.
- Giovanni Battista Vedovotto, né vers 1820, et Rosa Locatelli sont les parents de Santa Vedovotto, née vers 1849 à Torre di Mosto et épouse de Bernardo Moro. Ce couple a eu au moins six enfants nés à Càorle, dont certains se sont établis en France, dans le Tarn.
- Domenico Vedovotto, né vers 1800, et Antonia Gonelotto sont les parents de Giovanni Vedovotto “detto Scarabel”, né vers 1823 à Cessalto. Giovanni a eu successivement trois épouses.- Santa Valleri avec laquelle il a un fils, Luigi Vedovotto, né vers 1851 à Cessalto. Luigi a épousé Santa Bardelotto en octobre 1874 à Grisolera. Le couple a eu au moins deux fils, Giovanni et Antonio, nés à Grisolera en 1878 et 1882.- Maria Coppo, avec laquelle il a eu au moins trois enfants dont un fils, Antonio Vedovotto, né vers 1862 à Cessalto. Antonio a épousé Maria Luigia Turchetto en mai 1893 à Grisolera. Le couple a eu au moins trois fils et deux filles, tous nés à Grisolera.- Benvenuta Bardella, qu’il épouse en 1888 à Grisolera alors qu’il est âgé de 65 ans.
- Mattio Vedovotto detto Scarabel et Angela Fanton sont les parents de Angelo Vedovotto detto Scarabel, né à Lorenzaga (frazione dépendant de Motta di Livenza) et qui épouse Pierina Perini à Cessalto en 1834. Angelo pourrait-il être le frère de Domenico ?
- Antonio Vedovotto detto Scarabel et Angela Vendrame sont les parents de Luigi Vedovotto detto Scarabel, né le 29 août 1836 à Cessalto.
J’ai également retrouvé la trace de deux Giuseppe Vedovotto :
- Giuseppe Vedovotto (1), né peut-être vers 1800 est le père d’Antonio Vedovotto, époux de Paolina Locatelli et lui-même père de Domenico Vedovotto né le 21 décembre 1853 à Càorle.
- Giuseppe Vedovotto (2), né peut-être vers 1820 est l’époux de Regina Tosa, avec laquelle il a eu une fille, Angela Antonia Vedovotto (Scarabel) née le 9 août 1849 à Eraclea, qui a épousé Vincenzo Baldin en septembre 1876 à Càorle. Giuseppe “Scarabel” pourrait-il être un frère de Giovanni, et donc fils de Domenico et Antonia Gonelotto ? Il est également le père d’Angelo Vedovotto né vers 1846, époux de Maria Rosan et père de Giuseppe Vedovotto né le 21 mai 1872 à Eraclea.
Ces deux Giuseppe Vedovotto ne feraient-ils qu’un ?
A moins qu’un visiteur de ces pages n’ait une autre piste à me suggérer, seule la consultation des registres paroissiaux de La Salute di Livenza, Cessalto ou Càorle pourra désormais m’aider à en savoir plus. La seule chose qui semble avérée est que cette émigration depuis Borso, si tant est qu’elle soit bien réelle, serait antérieure au XIXe siècle.
Les “Scarabel” de Cessalto
Au fil de ces registres, j’ai découvert à plusieurs reprises la mention “Vedovotto detto Scarabel” sur certains des actes. Cette mention semble attachée à des (ou une seule ?) familles dont les enfants se sont mariés à Eraclea mais étaient nés à Cessalto ou tout près de là, à Lorenzaga.
A quelle particularité le surnom “Scarabel” pourrait-il faire référence ? Il est probable qu’il dérive de Scarabello. D’après le site Cognomi Italiani, le nom Scarabello est typique de la Vénétie (Padovano et Veronese) et dériverait du terme caravèlo, qui désigne une espèce de crabe dans la langue vénitienne.
Parfois, le surnom a supplanté le nom. A Càorle, j’ai ainsi trouvé la trace du mariage de “Angela Antonia Scarabel detta Vedovotto“, née à Eraclea et fille de Giuseppe et de Regina Tosa(?).
Les Vedovatto de Pravisdomini
Le problème s’est encore complexifié en 2013 quand, au hasard d’un commentaire lu sur Facebook (!), j’ai découvert la photographie d’un acte au nom de Vedovatto issu des registres de Pravisdomini, une commune où je n’avais absolument pas commencé à chercher jusque là. Pravisdomini est aujourd’hui administrativement rattachée à la province de Pordenone et à la région du Frioul-Vénétie Julienne, mais géographiquement très proche des provinces de Venise et de Treviso.
Vedovato est un patronyme courant en Vénétie, en particulier dans la région de Padoue, sur lequel je ne m’attarde en général pas car je sais qu’il est sans lien avec ma famille. Il s’écrit toujours avec un seul t, contrairement à Vedovotto, beaucoup plus rare et qui prend toujours deux t. L’orthographe Vedovatto lue sur l’acte de Pravisdomini m’est donc apparue comme un intrigante anomalie : s’agirait-il d’un Vedovato affublé par erreur d’un t supplémentaire ou d’un Vedovotto qui aurait subi la substitution de son second o par un a ?
Compte tenu de ce doute et de la proximité de Pravisdomini avec les provinces de Treviso et de Venise, dans lesquelles j’ai répertorié les familles Vedovotto, je ne pouvais pas ignorer cette piste. L’intégralité des registres d’état civil de Pravisdomini n’est pas encore disponible en ligne, mais ce que j’y ai trouvé me semble prometteur :
- Les enfants de la famille Vedovatto dont la naissance est enregistrée à Pravisdomini à partir de 1870 sont ceux de deux frères, eux-mêmes natifs d’Annone Veneto c’est-à-dire cette fois dans la province de Venise et à moins de 10 km de San Stino di Livenza ou Motta di Livenza, donc plus près des autres “Vedovotto du littoral” déjà trouvés.
- L’orthographe Vedovatto n’est que l’une des variantes que j’ai relevées dans les registres de Pravisdomini. L’éventail des écritures, issues des officiers d’état civil ou des intéressés, comprend : Vedovatto, Vedovat, Vedovat detto Rossit, Vedovatto Rossit, Vedovotto, Vedovoto, mais jamais Vedovato. Plusieurs de ces variantes peuvent être utilisées pour désigner un même individu d’un acte à un autre, y compris dans les signatures.
- Après vérification dans les quelques registres consultables en ligne pour Annone Veneto, je n’y ai trouvé aucun acte aux noms de Vedovatto ou Vedovato. J’y ai par contre répertorié des Vedovotto, des Vedovot et même des Vedovotto detto Rossit ou detto Rosset, ce qui confirme qu’il s’agit bien de la famille qui s’est installée à Pravisdomini. Le remplacement d’un o par un a est donc dans ce cas une anomalie générée dans le Frioul, tout comme la perte des lettres finales dans la forme Vedovat. Les patronymes finissant en “t” sont d’ailleurs assez courants dans cette région.
Si elle ne m’a pas apporté toutes les réponses que j’attendais, cette piste m’a confirmé la justesse du précepte que je suis depuis que j’ai commencé : toute source comportant un patronyme ressemblant plus ou moins au mien mérite d’être étudiée !
Nés de mère non déclarée
Bien qu’il ne m’ait apporté aucune réponse, le dépouillement des registres de Càorle et Eraclea entre 1871 et 1930 m’a fait découvrir une pratique que je n’avais jamais relevée à Borso : la naissance d’un voire de plusieurs enfants hors mariage, puis leur légitimation au moment du mariage des parents. Dans ce cas, seul le père déclarait l’enfant, stipulant qu’il était né d’une femme dont il ne donnait pas le nom, avec laquelle il n’était pas marié et n’avait aucun lien de parenté.
- Sante Vedovotto, fils de Giovanni Battista Vedovotto, est né de mère non déclarée le 16 décembre 1892 à Càorle. Il n’a pas été légitimé lors du mariage de son père, le 16 juin 1895 à Càorle, mais il est bien possible que la femme de Giovanni Battista, Santa Gobbato, soit sa mère.
- Olga Maria Vedovotto, fille de Massimiliano Vedovotto, est née de mère non déclarée le 8 septembre 1895 à Càorle (San Gaetano). Elle n’est légitimée par sa mère Teresa Gobbato que lors du mariage de cette dernière avec son père, le 24 novembre 1895.
- Cirillo Vedovotto, fils d’Epido Vedovotto, est né de mère non déclarée le 23 janvier 1900 à Càorle. Il n’est légitimé par sa mère Luigia Novello que lors du mariage de cette dernière avec son père, le 5 novembre 1905.
- Olga Vedovotto, fille de Romeo Vedovotto (frère d’Epido), est née de mère non déclarée le 27 août 1900 à Càorle. Elle n’est légitimée par sa mère Antonia Gallo que lors du mariage de cette dernière avec son père, le 28 mars 1901.
- Ergenite Vedovotto, fille d’Emilio Vedovotto, est née de mère non déclarée le 17 mars 1921 à Càorle. Elle n’a pas été légitimée lors du mariage de son père, le 30 novembre 1923 à Càorle, mais il est bien possible que la femme d’Emilio, Pasqua Soncin, soit sa mère.
- Giovanni Vedovotto, fils de Sante Vedovotto, est né de mère non déclarée le 28 février 1922 à Càorle (San Gaetano). Il n’est légitimé par sa mère Estra Busicchio que lors du mariage de cette dernière avec son père, le 1er mai 1922.
- Carolina Carrer, fille d’Anacleto Carrer, est née de mère non déclarée le 1er octobre 1922 à Càorle. Elle n’est légitimée par sa mère Olga Vedovotto que lors du mariage de cette dernière avec son père, le 6 novembre 1922.
- Silvia Maria, Antonio et Iolanda Vedovotto, tous trois enfants de Federico Vedovotto, sont nés de mère non déclarée en 1920, 1921 et 1923 à Eraclea. Ils ne sont légitimés par leur mère Angela Zanutto que lors du mariage de cette dernière avec leur père, le 3 décembre 1926. S’ils n’étaient morts le jour de leur naissance, il en aurait sans doute été de même pour les jumeaux, Maria et Giovanni, nés en 1925.