T comme Terminaison des patronymes italiens
De nombreux patronymes italiens se terminent en “i”. L’une des hypothèses avancée pour la prédominance du “i” est que la forme des patronymes actuels dérive des actes notariés en latin, dans lesquels le génitif est utilisé pour indiquer l’identité du père de la personne citée : “Petrus filius Martini”, pour “Pierre, fils de Martin” ou “Iohannes filius ferrari” pour “Jean, fils du forgeron”. Puis le nom s’est transformé en “Pietro Martini” ou “Giovanni Ferrari”. Le i est également la déclinaison du masculin pluriel et pouvait être utilisé sur la racine du prénom du chef de famille pour désigner ceux de sa “maison”, de son “clan”.
Mon ancêtre Piero Guadagnini, dont la famille descendait d’un homme prénommé Guadagnin et était établie à Crespano, est venu vivre à Borso pendant son enfance. Il était le seul habitant de la commune à porter ce patronyme et a été appelé Guadagnino (singulier de Guadagnini), puis Guadagnin. Il n’était plus l’un des membres de la “maison” des Guadagnini, mais “le” Guadagnino.
Mais si les patronymes en “i” restent majoritaires à l’échelle de l’Italie, ils sont loin de représenter la seule forme rencontrée. Une statistique réalisée sur les 100 noms les plus fréquents dans chacune des 20 régions italiennes montre que le “i” représente moins de la moitié des terminaisons (c.f. la colonne “Italie” du tableau ci-dessous). Les patronymes se terminant en “o” arrivent en deuxième position au niveau national. Et ce rapport de forces change complètement si l’on se place à l’échelle de la région d’origine de mes ancêtres, la Vénétie ou des provinces de Treviso et de Vicenza.
Terminaison | Italie | Vénétie | Province de Treviso | Province de Vicenza | Ma généalogie |
---|---|---|---|---|---|
i | 42 | 30 | 13,5 | 13 | 3,5 |
o | 26 | 35 | 20 | 47 | 48 |
a | 12 | 10 | 10 | 13 | 10,5 |
n | 3 | 20 | 45 | 20 | 31 |
e | 8 | 0 | 6,5 | 0 | 7 |
autres | 9 | 5 | 6,5 | 7 | 0 |
Répartition (en pourcents) des patronymes les plus fréquents selon leur terminaison, pour toute l’Italie, pour différentes subdivisions administratives et pour ma généalogie.
Ces chiffres permettent de mettre en évidence l’importance des patronymes se terminant pas une consonne en Vénétie, en particulier par un “n” dans les provinces de Treviso et de Vicenza. Cette forme est dérivée de la langue vénitienne, dans laquelle l’élision de la dernière voyelle est très marquée à l’oral. Avec le temps, les nombreux patronymes se terminant par les syllabes « -ino », « -ina », « -one », « -eri », « etti »… ont fini par perdre leur voyelle finale non seulement dans le langage parlé mais aussi à l’écrit. C’est ainsi que de nombreux patronymes vénitiens actuels se terminent par une consonne (-in, -on, -er, -et…), phénomène assez rare par ailleurs en italien.
Les terminaisons en “o” et en “n” sont majoritaires dans les provinces de Vicenza et de Treviso tout comme dans mon arbre généalogique, ce qui marque donc bien l’appartenance de mes ancêtres à cette zone.
En savoir plus sur les patronymes italiens :
http://www.cognomix.it/top100_cognomi_italia.php
http://www.cognomiitaliani.org/cognomi/index.html
http://italia.indettaglio.it/ita/cognomi/