Vers le Brésil
Affiche de propagande destinée aux Italiens et vantant la vie au Brésil : (dans un italien un peu approximatif)
En Amérique… des terres au Brésil pour les Italiens.
Départ de navires chaque semaine de Gênes.
Venez avec votre famille construire vos rêves.
Un pays d’opportunités. Climat tropical, vivres en abondance, ressources minières
Au Brésil, vous pourrez posséder votre château. Des terres et des outils pour tous.
Les Italiens commencèrent à émigrer en nombre significatif pour le Brésil à partir des années 1870. Ils y furent poussés par les transformations socio-économiques en cours dans le Nord de la péninsule italienne qui touchèrent surtout la propriété de la terre. Ce mouvement commença peu après l’unification italienne (1871), raison pour laquelle l’identité nationale de ces immigrants se forgea en grande partie au Brésil.
Après 1850, lorsque le trafic des esclaves africains fut aboli au Brésil, le gouvernement brésilien commença à susciter l’immigration européenne, les immigrants se substituant à la main-d’œuvre esclave. Les premiers Italiens arrivèrent en 1870, s’installant d’abord au sud, dans l’état de Rio Grande do Sul, où le gouvernement avait commencé à créer des colonies au début du XIXe siècle.
L’expansion des plantations de café dans l’État de São Paulo, au sud-est, et le succès de la colonisation italienne dans le Sud incita dès 1880 le gouvernement pauliste à encourager le mouvement de la population italienne vers les champs de café. Les propriétaires des fazendas (fermes) de café s’occupaient d’attirer les Italiens vers leurs propriétés, payant des “rabatteurs” chargés de vendre en Italie les promesses de cet eldorado. Le gouvernement ou le fermier finançait le voyage jusqu’au Brésil, et l’immigré devait ensuite travailler dans les fazendas pour rembourser les frais de voyage. Les Italiens émigraient généralement en famille.Le gouvernement brésilien privilégiait l’immigration des Italiens du nord : la région était la plus développée du pays et les immigrants importaient au Brésil des techniques déjà avancées d’industrialisation et des idées neuves pour la modernisation de ce pays. Les départs se faisaient principalement de Trieste, Naples et Gênes.Jusqu’en 1920, ce mouvement humain amena 1.243.633 Italiens au Brésil, essentiellement venus du nord et tout particulièrement de Vénétie.
Les conditions de vie et de travail furent très difficiles au départ, d’autant que les propriétaires terriens étaient habitués à une main d’œuvre d’esclaves et ne savaient pas gérer des salariés libres. Les échos de ce travail en semi-esclavage parvenant jusqu’en Italie, le gouvernement italien intervint dès 1902 en publiant le décret Prinetti, selon lequel ni l’état brésilien ni les fazendeiros n’avaient plus le droit d’avancer le prix du voyage des émigrés.
Les Italiens s’orientèrent dès lors plutôt vers les États-Unis et l’Argentine : entre 1903 et 1920, 306.652 Italiens émigrèrent au Brésil, contre 953.453 en Argentine et 3.581.322 aux États-Unis.
Région d’origine | Nombres d’immigrants | Région d’origine | Nombres d’immigrants |
---|---|---|---|
Vénétie | 365 710 | Sicile | 44 390 |
Campanie | 166 080 | Piémont | 40 336 |
Calabre | 113 155 | Pouilles | 34 833 |
Lombardie | 105 973 | Marche | 25 074 |
Abruzzes-Molise | 93 020 | Latium | 15 982 |
Toscane | 81 056 | Ombrie | 11 818 |
Émilie-Romagne | 59 877 | Ligurie | 9 328 |
Basilicate | 52 888 | Sardaigne | 6 113 |
Total : 1 243 633 |
Malgré les difficultés de départ, beaucoup d’émigrés italiens réussirent à économiser suffisamment d’argent pour acheter leurs propres terres au Brésil et devenir à leur tour fazendeiros. D’autres délaissèrent l’agriculture et partirent pour les grands centres urbains, notamment São Paulo. Certains sont toutefois rentrés en Europe au début du vingtième siècle, et plus particulièrement ceux qui vivaient dans l’état de São Paulo, suite à la crise du café qui les a privés de travail.
Près de 70% d’entre-eux, soit 965.000, s’installèrent dans l’état de São Paulo. São Paulo est la seconde ville au monde en terme de nombres d’habitants d’ascendance italienne, après Rome.
En 2002, le Brésil comptait entre 15 et 25 millions de citoyens de souche italienne, selon les sources.
2 commentaires
Vissac
Avez-vous trouvé un site qui fournisse sur internet les listes de passagers pour le Brésil dans les années 1895-1899 ? Les originaires de la région de Vicenza paraient-ils par Trieste (ça semble plus facile que Gênes) ?
Merci d’avance de votre aide.
Georges Vissac
venarbol
J’ai regroupé dans cette page Sites relatifs à l’émigration des liens liés à l’émigration des Italiens, entre autre au Brésil.
J’y signale plusieurs sites relatifs au Brésil, en particulier Emigrazione veneta dédiée à l’émigration au Brésil des Italiens originaires de Vénétie.