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Soldats de Vénétie sous la bannière autrichienne
De la chute de Napoléon Ier (1815) à l’intégration au tout jeune Royaume d’Italie (1866), la Vénétie et le Frioul occidental ont été inclus dans le Royaume de Lombardie-Vénétie, rattaché à l’Empire d’Autriche. Cette période est tristement connue des généalogistes, car elle marque la fin de la tenue des registres d’état civil par les communes, qui avait été instaurée durant la période napoléonienne. L’enregistrement des actes de naissance/baptême, mariage, et décès/sépulture redevient la prérogative des seules paroisses. Les registres correspondants sont toujours conservés par les paroisses et ils ne sont malheureusement qu’exceptionnellement numérisés, et encore plus exceptionnellement publiés en ligne.
Il est néanmoins possible de trouver certaines traces dans d’autres ressources, comme par exemple celles relatives au service militaire. La Patente Impériale du 17 septembre 1820 établit les règles de la conscription au sein du Royaume de Lombardie-Vénétie, qui était divisé en huit districts militaires. En Vénétie, le Gouvernement communiquait chaque année aux communes le nombre de soldats qu’elles devaient fournir, calculé sur la base de la population totale. Tous les hommes âgés de 20 à 25 ans non accomplis étaient susceptibles d’être enrôlés, à condition de mesurer au moins 5 pieds de Vienne (environ 1,58 m) et de n’avoir ni maladie ni infirmité. En étaient exemptés les fonctionnaires publics, les instituteurs et les professeurs, les prêtres et les séminaristes. Les recrues étaient sélectionnées parmi les conscrits par un tirage au sort et devaient accomplir un service militaire d’une durée de huit ans !
Les fiches matricules
Une partie des fiches matricules des soldats de l’Empire d’Autriche-Hongrie a été numérisée et mise en ligne sur FamilySearch. Elles figurent au sein d’une vaste collection classée derrière les mots-clés “Osterreich armee“, qui contient des registres matricules mais aussi des registres émanant d’hôpitaux militaires : https://www.familysearch.org/search/catalog/results?count=20&query=%2Bkeywords%3AOsterreich%20%2Bkeywords%3Aarmee
J’avoue ne pas m’y être intéressée jusqu’à ce que je découvre voilà une semaine le travail de Monsieur Gastone Fusaro, qu’il a publié sur son site Archivio Fusaro. Il a dépouillé et indexé les films publiés sur FamilySearch relatifs au soldats de Vénétie et du Frioul enrôlés de 1814 à 1866 dans le 16° Infanterie Regiment (16e régiment d’infanterie), qui a combattu entre autres en 1859 à Solferino contre l’armée de Napoléon III, et le 8° Jäger Bataillon (8e bataillon de chasseurs). L’auteur du site indique s’employer à faire le même travail pour le 13° Infanterie Regiment.
Gastone Fusaro a également publié sur son site des textes retraçant l’histoire de ces deux régiments et de leurs soldats de Vénétie.J’ai donc parcouru ces index à la recherche des jeunes hommes nés à Borso del Grappa, pour compléter l’arbre généalogique de toutes les familles de la paroisse, que je publie ici : Les familles de Borso del Grappa
J’ai ainsi répertorié 50 jeunes hommes qui avaient été tirés au sort et avaient accompli leur service sous le drapeau autrichien : 48 au sein du 16° Infanterie Regiment et 2 au sein du 8° Jäger Bataillon. Les fiches ne sont pas faciles à lire, les mentions pré-imprimées sont en allemand, et le texte manuscrit est souvent difficile à déchiffrer.Exemple de fiche :
Giacomo Barcarolo, né à Borso, district d’Asolo, province de Treviso, Vénétie (Venetianischen Land) en 1813, catholique, célibataire (Stand : ledig), sans profession (Profession : ohne)
Ce soldat a été enrôlé dans le 16° Infanterie Regiment du 19 février 1834 au 25 octobre 1842
Une mention est faite à un événement de 1835, que je ne sais déchiffrer.Pour certains de ces soldats, ces fiches indiquent qu’ils n’ont pas effectué tout leur service militaire au sein du 16° Infanterie Regiment mais ont été transférés dans le 80° Infanterie Regiment, qui comportait lui aussi un bon nombre de soldats originaires de Vénétie, en particulier de la province de Treviso, si j’en crois la collection que j’ai parcourue. L’un d’eux est passé dans la cavalerie, au 7° Chevauxlegers Regiment.
A noter : le système adopté par les autorités militaires autrichiennes consistait visiblement à remplir une fiche par soldat et par régiment, ce qui ne facilite pas le suivi de la carrière militaire des appelés dans les archives.Francesco FABBIAN, detto Moretto, né en 1838 à Borso del Grappa, a débuté son service militaire au sein du 16° Infanterie Regiment en mai 1859, jusqu’au 1er septembre (?) 1860
Il est ensuite transféré au 80° Infanterie Regiment, jusqu’au 3 novembre 1866
De longues années
Un service militaire qui occupe jusqu’à huit années de la vie d’un jeune homme, c’était certainement très long. Je n’ai relevé deux cas où le soldat s’est marié à Borso avant sa démobilisation, dans l’un des cas, le mariage a été mentionné sur la fiche matricule.
Fiche matricule de Giovanni Battista MOZZELIN au sein du 16° Infanterie Regiment, dans lequel il a été appelé le 7 juin 1847 :
en date du 26 novembre 1856, mention du mariage avec Teresa Angela GUADAGNINIl sera définitivement libéré le 31 décembre 1857.
Sur le mariage religieux, célébré dans la paroisse de Borso, le prêtre a indiqué que l’époux “è qua sempre domiciliato tranne anni nove in cui militò sotto l’austriache bandiere” : il a toujours été domicilié ici (dans cette paroisse) à l’exception de neuf années durant lesquelles il a été militaire sous la bannière autrichienne. Il a également mentionné que “lo sposo riporteva il permesso perché permessante dal Capitano del Reggimento” : l’époux a fourni la permission du Capitaine de son régiment.
D’autres avaient déjà choisi leur épouse et se sont mariés immédiatement après la fin de leur période militaire :
- Sebastiano ZAGO a été démobilisé le 25 octobre 1845 et il a épousé Maria BASSANELLO le 13 novembre de la même année
- Domenico ZAGO a été démobilisé le 25 octobre 1842 et il a épousé Maria DE PAOLI le 23 février 1843
Une fin parfois tragique
Tous les jeunes hommes dont j’ai retrouvé la trace du parcours militaire sous bannière autrichienne n’ont pas eu la chance de vivre leur démobilisation sereinement. La vie devait être rude en garnison, et leur fiche matricule mentionne un décès survenu avant leur démobilisation.
Certains sont rentrés malades et sont morts prématurément :
- Giovanni ZILIOTTO, incorporé le 15 janvier 1850, est décédé à Borso du choléra le 18 juillet 1855 (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9T5-W2VR?i=340&cat=176780)
- Antonio DAL LIN, incorporé le 5 juin 1838, est décédé à Borso de pneumonie le 21 février 1844 (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9TP-TRV7?i=166&cat=176780)
- Angelo ANDRIOLLO, incorporé le 11 mars 1854, est décédé à Borso de “pneumonite con migliare” (pneumonie et fièvre miliaire) (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9TZ-874B-P?i=1306&cat=176780)
D’autres sont décédés à l’étranger :
- Lorenzo PELLIZZER, incorporé le 3 février 1851, est décédé le 9 mars de la même année à l’hôpital de garnison du monastère de Hradisko, à Olomouc, aujourd’hui en République Tchèque (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9T5-HC65?i=485&cat=176780). Le registre des décès de l’hôpital, lui aussi disponible sur FamilySearch, indique qu’il a succombé au typhus
- Fabiano Sebastiano FABBIAN, incorporé le 7 juin 1847, est lui aussi décédé du typhus à Olomouc, dans le même hôpital de garnison, le 25 novembre 1849 (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9T5-C3SH-D?i=124&cat=176780)
- Pietro FAURETTO, incorporé le 14 mars 1825, est décédé durant sa période de service militaire le 5 avril 1832, dans un lieu que je n’ai pas réussi à déchiffrer (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9T2-JSBL-L?i=1038&cat=176780)
- Gregorio ZILIOTTO, incorporé le 2 mai 1844, est décédé à Kecskemét (Hongrie) le 17 janvier 1850 (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-C9TZ-33NZ-D?i=1516&cat=176780)
En théorie, ces décès survenus hors de la paroisse auraient dus être signalés au prêtre, pour qu’il les enregistre dans ses registres. Pourtant je n’en ai trouvé aucune trace dans les registres paroissiaux, ce qui semblerait indiquer que la notification ne lui en est pas parvenue. Les familles de ces soldats ont-elles été mises au courant ou sont-elles restées indéfiniment sans nouvelle ?
Pour Gregorio ZILIOTTO, une mention insérée dans le stato delle anime semble aller dans ce sens. Face au nom de Gregorio et de celui de son frère Sebastiano, le prêtre a écrit “passati a Venezia nel 1848 e di poi non si ebbe circa ai meddesimi alcuna notizia” : sont allés à Venise en 1848 et depuis lors, on n’a plus eu aucune nouvelle d’eux.Un mystère vieux de 175 ans a-t-il été résolu grâce aux fiches matricules autrichiennes ?
Sources
- Armée autrichienne : registres matricules, registres des hôpitaux de garnisons, … via FamilySearch
https://www.familysearch.org/search/catalog/results?count=20&query=%2Bkeywords%3AOsterreich+%2Bkeywords%3Aarmee+%2Bkeywords%3A7 - Archivio Fusaro
https://archiviofusaro.it/ - Die österreichische Armee : von 1700 bis 1867
https://diglib.uibk.ac.at/urn:nbn:at:at-ubi:2-15217
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Vous avez dit “paysan” ?
A l’occasion du salon de l’agriculture, le #généathème de février, proposé par Geneatech, est dédié aux agriculteurs de notre généalogie. Mes ancêtres de Vénétie étaient très majoritairement paysans, profession désignée la plupart du temps par les termes villico (au féminin villica) dans les actes les concernant.
Mais plutôt que de vous parler d’eux, j’ai choisi de consacrer cet article à l’élaboration d’un petit lexique des noms de métiers italiens dédiés à la terre, qui sont forts nombreux chez bon nombre d’ancêtres italiens.
Le terme “paysan” possède deux sens : 1-“celui qui habite la campagne et cultive la terre” et 2-“celui qui habite le pays, autochtone”. On retrouve ces deux sens avec l’italien paesano, qui en est la traduction.
Mais si nos ancêtres Italiens étaient majoritairement des paysans, les prêtres et les officiers d’état civil avaient à leur disposition une grande variété de termes pour décrire l’activité consistant à travailler la terre et à élever des animaux pour l’alimentation humaine. -
Le nouveau portail Antenati
Elle avait été annoncée au printemps 2021 et la voilà donc en ligne celle que tous attendaient, j’ai nommé la nouvelle version d’Antenati, le portail des archives d’État italiennes.
Dès le 15 novembre au soir, les généalogistes qui essayaient de s’y connecter ont pu constater que certaines URL étaient caduques et que l’URL principale aboutissaient à la nouvelle interface. Mais de quoi s’agit-il ?
Je vous propose un rapide panorama de cette nouvelle interface, avec des points positifs et d’autres qui le sont moins 🙁